90e anniversaire de l'Armistice : Je me souviens
Rethondes, 11 novembre 1918
C’est dans un wagon-restaurant aménagé dans la clairière de Rethondes par le maréchal français Ferdinand Foch que celui-ci reçoit en vainqueur la délégation allemande menée par Matthias Erzberger dont les membres civils mettent humblement chapeau bas. C’est à 11 heures que les premières volées de cloches et sonneries de clairons retentissent annonçant la fin des hostilités qui aura laissé plus de huit millions de morts, six millions d’invalides ou de mutilés et changera à jamais le visage et la perception que les êtres humains auront de la guerre moderne. La noblesse de l’engagement, les manifestations d’enthousiasme et de patriotisme ont rapidement laissé place à l’amertume, au désarroi, à l’horreur, et à la destruction au fur et à mesure que les nouvelles technologies guerrières firent leur apparition et que le nombre de cadavres s’accentuait à un rythme effréné dans les tranchés. D’ailleurs, le Premier ministre canadien de l'époque, Robert Borden qualifiera ce conflit généralisé de véritable « suicide d’une civilisation. »
Tout compte fait, elle n’a fait que porter à son paroxysme la mondialisation des ambitions démesurées de certains autocrates et des théâtres d’affrontements entre les puissances impérialistes, les tensions pour l’aménagement de la carte de l’Europe, la concurrence idéologique, industrielle et militaire entre les États et leurs colonies. Or, il va sans dire que pour cette génération sacrifiée, l’aboutissement de ce carnage représente un signe d’un changement d’époque, la disparition de l’ordre ancien, la véritable fin du XIXe siècle.
Par ailleurs, je ne sais pas vous avez remarquer au verso du billet de dix dollars, on retrouve les premiers vers d’un poème du lieutenant-colonel, John McCrae, intitulé « In Flanders Fields » ou « Au champ d'honneur » adaptation française de Jean Parizeau. Les colombes, les gerbes de coquelicots et la bannière portant les mots « N'oublions jamais — Lest We Forget » symbolisent la paix et le souvenir. Le souvenir de ses hommes et ses femmes qui ont sacrifiés leur jeunesse, leur idéologie et leur innocence dans ce qui croyait être « la der des der ». Autrement dit, la dernière des guerres.
Au champ d’honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix; et dans l’espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement des obusiers
Nous sommes Morts.
Nous qui vivons la veille encor’
À nos parents, à nos amis
C’est nous qui reposons ici
Au champ d’honneur.
À vous jeunes désabusés
À vous de porter l’oriflamme
Et de garder au de l’âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Au champ d’honneur.
(Traduction de Jean Parizeau)
Signature de l'armistice par l'amiral Rosslyn Wemyss, le maréchal Ferdinand Foch et le général Maxime Weygand